jeudi 22 octobre 2009

Voir Rouge



Quand j’étais petite, j’idolâtrais l’allure de ma maman.
Qui ne se maquillait pas.
Sauf du rouge à lèvres.
A chaque fois, avant de sortir.
Même pour acheter le pain.
Un regard rapide dans le miroir de l’entrée – hop hop, on peut y aller.
Les talons qui claquent, le sac sur l’épaule et les clés à la main.
Je la regardais, envieuse, en me disant qu’un jour moi aussi, je porterais des talons et je mettrais du rouge à lèvres. Moi aussi je serais une femme.

(… Les années passent…)

Aujourd’hui, je me maquille.
Je me maquille les yeux. Ombre à paupières. Mascara. Un peu de blush. Et du baume pour les lèvres.
Je sais mettre du vernis sur mes ongles aussi. Quand je prends le temps. C’est moins souvent.

Mais pas de rouge.

Pas faute d’essayer. Ouh là non !

J’ai trouvé plus fort que l’achat de lunettes, le choix d’un jeans neuf et la visite chez le coiffeur pour une coupe transformation.
L’achat piège.
L’Hiroshima du shopping.
Le nid à achats qui sèchent au fonds des tiroirs : le rouge à lèvre.


Et pourtant ma demande est super simple : un rouge à lèvre d'un joli rouge, qui ne fait pas de traces, qui s’applique en 2 secondes, qui ne file pas, qui repulpe les lèvres, agrandit la bouche et blanchit les dents.

Les vendeuses de Sephora se cachent dans la réserve quand elles me voient arriver.
Les filles de Mac passent au client suivant.
Chez Monoprix, le grand gars de la sécurité ne me quitte pas des yeux – prêt à appeler le 15 pour venir chercher cette folle qui a les mains couvertes de traits rouges et la bouche en camaïeu.
Les bons jours j’achète un tube que j’utilise 2 fois. Les mauvais, je repars les mains vides. Frustrée.

Le gloss ça colle. Je ne suis pas un papier tue mouche. Je ne suis pas Brigitte qui transpire en salle de sport. Le vrai rouge rouge ça fait des lèvres trop fines qu’on dirait que je ressemble à une vieille tantine ridée, le rose ça fait baby doll, le framboise ça fait belle des champs, l’orange me fait le teint vert et le violine la trombine de Marilyn Manson.
La texture crème, ça laisse des traces partout, le mat ça fait des stries. Le crayon contour des lèvres ça fait Joan Collins.


Et pourtant, moi je sais que je suis Audrey meets Jane meets Valérie meets (l’objectif de) The Sartorialist.
Je l’ai dans ma tête, le rouge qui finit une tenue, qui enlève l’allure et vous fait passer de l’ado-Dermophil à la femme de 40 ans qui a tout compris.
Dita, Rhabille toi, tu es une débutante à côté de moi.

Je le sais, je le sens : le rouge me va super bien.


Mais lequel ?

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