mardi 15 décembre 2009

Une histoire de confiance


[Je remets mon entonnoir sur ma tête et vous fais part de ma réflexion – commencée au bureau avec un sparing partner l’autre matin au sujet d’une étude en cours, et poursuivie dans ma tête, entre Saint Augustin et Ranelagh, coincée dans un maigre espace vital (à ma droite la capuche à fourrure toute douce mais qui chatouille d’un jeune à oreillettes, à ma gauche la manche rêche d’une dame à l’air revêche, derrière moi je ne veux pas savoir, et tout devant, la porte) ]


Dans quel monde on vit (comme dirait Pierre-Marie Christin tous les matins sur Europe1) ?

Grippe A, bisphénol, plastiques, eau du robinet polluée par des médicaments, fausses factures et vraies magouilles, bonus énormes et baisse du pouvoir d’achat, bio et pesticides, religion et éducation. Tous les jours, il faut se « forger une opinion », se « faire son idée », « opérer des arbitrages », « peser le pour et le contre », « prendre la température ».


Avant, on était dans la confiance aveugle, les 30 glorieuses, Jean Fourastié, Pie XII et Spoutnik. Dis bonjour à la Dame, respecte tes professeurs et aie confiance dans la Patrie.

Ca marchait droit. Au moins. 30 ans plus tard, on en voit bien les limites mais sur le moment ça rendait la vie quotidienne plus facile.


Aujourd’hui, tout est potentiellement dangereux et toute bonne initiative a son revers de la médaille.

On lit même sur Internet que les sacs Jérôme Dreyfuss déteignent sur les vêtements clairs alors qu’ils coutent un bras. C’est dire.


Il est de bon ton de donner son avis sur tout, de tout critiquer, de faire tomber tout le monde de son piédestal. Mai 68 à côté, c’est un BBQ Playmobil. Poussez-vous, je sors le modèle Werber au gaz turbo pulsé et personne ne sera épargné.


Et on a toutes les bonnes raisons d’être ébranlés. On est au milieu d’une gigantesque cacophonie. Et on connait tous quelqu’un qui s’est pris la porte dans la figure.


Mais on ne peut pas vivre comme ça, en perpétuelle incertitude, non ?

On dit que les enfants ont besoin d’un cadre pour s’épanouir, mais je suis sûre que les adultes ne sont pas contre quelques cloisons plus ou moins amovibles pour rendre le monde moins hostile.


Alors, chacun fait sa tambouille, décide de se créer son petit bonhomme de confiance sur le tas.

Pour certains, ce sera la presse écrite et les livres publiés avant 1712, pour d’autre un guide bien vivant (mon papa, mon psy, mon patron, Johnny), pour d’autres encore les philosophes ou Marianne (le magazine, pas la jolie fille avec son écharpe tricolore).

On se construit un système de fonctionnement perso à coup de petits arrangements et de grands engagements militants. Un jour on est hédoniste, le lendemain on est frileux comme un perroquet en Alaska. Un jour on dépense comme une cigale et le lendemain on trouve que la baguette à 1 euro, c’est une honte. Un jour on vaccine ses enfants contre la grippe A et le lendemain on refuse les antibiotiques. La parano nous guette et ceux qui ne le sont pas sont suspectés d’angélisme dangereux.


Les politiques s’époumonent, les religieux s’étranglent et les vendeurs du temple surfent sur la vague.

Et les marketeurs, les publicitaires, s’arrachent les cheveux. Ils écrivent des livres. Ils inventent le marketing de l’expérience, se mettent à regarder le consommateur consommer et jettent de grands barils de peinture verte et rose sur leurs murs. Tout en prônant la transparence, l’honnêteté, la vigilance, la communauté. L’intuition prend le pas sur le rationnel. C’est la revanche des gourous et des visionnaires. On se prend d’amour pour les personnalités flamboyantes, les rebelles, les robins des bois, les redresseurs de torts.


POUCE !

On peut faire une trêve de la défiance entre le 15 décembre et le 2 janvier ? On dirait qu’on arrêterait de tout le temps TOUT remettre en question. Juste 15 jours dans l’année.

On serait tous d’accord pour dire que c’est bon de faire un sapin, dépenser des sous pour des cadeaux, manger trop et trop riche, s’embrasser pour de vrai et se souhaiter le meilleur.

Du fond du cœur. Une vraie trêve des confiseurs en somme.



PS : Je sais qu’on est 10 jours avant Noël parce que ma copine Isabelle a son anniversaire 7 jours avant Noël et 3 jours après celui de mon Jean. Et qu’aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Jean. Mon esprit est limpide….



Ps : crédit photo DesignMom, une femme qui attend son 6ème enfant (On a toujours besoin de quelqu'un pour se rappeler que ce qu'on vit n'est pas exceptionnel. Que certains vont plus haut, plus vite, plus fort ). Ses billets me vont très bien en ce moment. Du cocon, du doux, du joli et des histoires de naissances bien gores racontées par ses copines.



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