lundi 1 avril 2013

Pâques



Dans l'église pour Pâques, il y a tellement de monde qu'il faut se glisser contre les murs ou monter dans l'estrade où seuls les jeunes qui veulent papoter en paix trouvent habituellement refuge.
Mais aujourd'hui c'est plein aussi.
Des bancs en bois durs comme du ciment et une vue panoramique sur tous les crânes des paroissiens 3-4 mètres plus bas. A force de nous rabâcher qu'il faut prendre de la hauteur, on y est.

Une église récente - bois et béton, qui devrait être moche mais qui est inexplicablement chaleureuse.
Peut-être grâce à tous ces vitraux modernes qui laissent passer une lumière moirée.
Ou bien alors cette forme en triangle un peu circulaire et légèrement en pente, et tout en bas, l'autel.
Et puis sans doute cette foule de tous âges et de tous horizons.

Parce que c'est ça qui frappe.

Oh, bien sûr, il y a tout ceux qu'on s'attend à trouver.
Des tradis par wagon de 6 minimum, les petits devant les bras croisés sur la poitrine et les grands derrière qui esquissent une génuflexion et ne touchent pas l'hostie avec les mains
Des familles antillaises et africaines avec coiffures impec' et petits noeuds dans les cheveux pour les filles et costume trois pièces pour les garçons
Des couples de personnes âgées, dont le surnombre laisse penser que vieillesse rime avec sagesse, qui s'avancent à petit pas, mise en plis impec et manteau gris de drap inusable et parfait.

Et puis, entre les deux, dans la foule qui s'avance presqu'en ordre, des gens comme tout le monde, comme dans la file d'attente de la boulangerie, comme sur le quai à 8 heures 17.
Des vieux et des jeunes, des fatigués et des blasés, des joyeux et des béats, des résignés à attendre la fin de l'office pour enfin passer au déjeuner et des rêveurs qui profitent de cette pause obligée pour laisser trainer leurs pensées et se faire des listes de choses à faire, un jour plus tard
Des concentrés, dont le regard limpide laisse penser qu'ils prient
Des jeunes en bandes de jeunes
Des tout petits qui ne pensent qu'à piquer des 100 mètres dans les travées
Des encore plus petits qui dorment dans leurs poussettes
Et des entre deux ni tout petits ni vraiment grands, des enfants à qui on vient d'enlever le porte monnaie de leur mère chouré dans leur sac qu'ils ont vidé consciencieusement sur le banc


Au milieu on reconnait des visages, des profs de l'école ou cette dame que l'on croise souvent à l'arrêt du bus. Une bonne copine qu'on n'a pas vue depuis longtemps ou des gens hautains qu'on a du mal à trouver sympathiques même ici. Ceux qui sont toujours là, prêts à donner un coup de main pour la quête, la communion, les lectures, des gens serviables dont on admire la constance et l'enthousiasme. Et puis plein de visages d'inconnus aussi. La ville est grande et cette fête propice aux rassemblements familiaux.

Et le prêtre, qui se tient au milieu comme un berger.


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