lundi 6 octobre 2014

Harrison, comment t'as trop la sprezzatura

Middle Child Complex
en 1978, pendant que Harrison Ford sortait du Plaza Athénée en sosie de Jake Gyllenhaal, il ne savait pas que à cette même heure j'étais probablement en train de regarder un épisode de Goldorak et qu'en outre, il incarnait l'air de rien, la Sprezzatura.


"Sprezzatura : néologisme italien a priori intraduisible, qu'on désigne imparfaitement en français sous le nom de "désinvolture" ou de "nonchalance" – on pourrait également proposer "la classe", s'il n'y avait une connotation vulgaire dans l'expression. Le mot a été forgé par Baldassare Castiglione dans son Livre du courtisan (1528), sorte de manuel de ce que doit être un parfait "honnête homme"de la Renaissance, best-seller qui, pendant trois siècles, fut le livre de chevet et de référence de tous les gentlemen et élégantes d'Europe. Pour Castiglione, la qualité essentielle du courtisan (n'y entendre qu'"homme de cour", sans rien de péjoratif) est la "grâce" qui doit irradier dans tous ses gestes, paroles et actions. Pour en être pourvu, "il faut fuir, autant qu'il est possible, comme un écueil très acéré et dangereux, l'affectation, et, pour employer peut-être un mot nouveau, faire preuve en toute chose d'une certaine désinvolture (sprezzatura), qui cache l'art et qui montre que ce que l'on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser".


Aujourd'hui les acteurs américains se sentent obligés de se saper comme Jon Hamm dans Mad Men dès qu'ils veulent gagner en crédibilité. Coulés dans la brillantine et la chemise amidonnée à la colle à tapisserie. C'est nickel chrome mais ça manque terriblement de ce petit quelque chose qui change tout, cette nonchalance classe que je ne savais nommer jusqu'à découvrir ce mot italien qui roule juste comme il faut.


PS : je remercie Sophie Chassat de m'avoir livré dans cet article de M, un beau cadeau du lundi





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